Le Néant c’est un trou avec rien autour.
Raymond Devos
Un film magnifique, anticapistaliste, antimocunniste et émouvant de Pierre Bongiovanni et Mathieu Sanchez
Soutenu par les textes savants, édifiants et drôles de Nicolas Ferrier
Avec Didier Calléja en Noé - Hamlet / Quichotte lamentable
Et Sandrine Bonnet, I-Wei Li, Gaël Guyon en lucioles colorées et volages.
Les photographies sont de Lili Marchand
Une production de La Maison Laurentine, la Compagnie Lechiendent, l’Antreloup, la Compagnie les Koeurs Purs / La Machinante`, toutes entités entêtées artistiques et culturelles sans foi ni loi, d’ailleurs totalement indépendantes des modes et de courants et reconnues comme telles par tous les comités d’experts présents et à venir.
Le film est composé de 11 séquences, toutes mémorables, filmées dans les immensités betteravières du centre de la France. Des individus venus d’on ne sait où, perdus au milieu de nulle part, tentent, avec des moyens dérisoires, de s’inventer une humanité de rechange. Et l’on découvrira comment, par quels chemins et après quels tourments, ils y parviennent avec splendeur et modestie.
Chaque séquence de leurs aventures est accompagnée d’une contribution théorique de haute tenue philosophique, elle-même mise en pièces, tant il est vrai que nos actions du jour, à défaut de s’offrir comme actions de grâce sont à comprendre comme des actions de résistance à l’évanouissement général du langage, des ambitions et des sentiments.
Découpage :
Séquence 1
Texte : « Nous envisageons l’individu dans une situation que nous pouvons désormais qualifier de théâtrale : selon l’endroit où il se place, nous le nommons soit spectateur soit acteur. Et nous sommes guidé par le souci constant de présenter des situations qui transforment le spectateur (de l’art ou du monde) en acteur existentiel, c’est-à-dire en homme libre. »
Séquence 2
Texte : « Dans son acception commune, « spectateur » renvoie généralement à une attitude passive, bien que potentiellement réflexive, du moins, contemplative. « Spectateur » évoque une présence discrète, en retrait, ne
serait-ce qu’au niveau de son expressivité. Comme si la présence spectatrice venait toujours en second lieu, sorte de conséquence possible de l’événement, dans l’après coup. »
Séquence 3
Texte : « A contrario, « acteur » renvoie à un comportement actif, sujet maître de lui-même et de ses actes, parfois créateur ou participant à part entière de l’événement. « Acteur » évoque une sorte de présence pleine du sujet, habité ou visité, toujours agissant, contrairement au spectateur qui subit, avec plus ou moins de plaisir ou de désagrément. »
Séquence 4
Texte : « Nous voulons penser « l’individu en situation » à l’écart de son acception en tant que « spectateur » ou « acteur ». Parce que notre compréhension de la notion de situation vise à sortir l’homme d’un dualisme réducteur de type actif/passif, nous cherchons à penser un « devenir situationnel » de la personne humaine. »
Séquence 5
Texte : « Le « devenir situationnel » pousse constamment l’individu à traverser quatre territoires : le commun, la transe, la déconstruction et le trou. Le « devenir situationnel » est une énergie gravitationnelle qui attire l’individu vers le trou central ou, ce qui peut revenir au même, le pousse hors du territoire commun. Le territoire de la déconstruction et celui de la transe communiquent directement, mais par des moyens parfois diamétralement opposés. »
Séquence 6
Texte : « Déconstruction et transe se ressourcent au trou (non-être, infinité des possibles, transcendance). Ils en sont les champs adjacents, les voies de passage.
Le « devenir situationnel » ramène constamment l’individu dans le commun duquel il ne cesse de partir, le modifiant temporairement dans une plus ou moins grande mesure.
Le « devenir situationnel » provoque son propre mouvement chez d’autres (dans le commun). Il est contagieux. Il contamine. »
Séquence 7
Texte : « Un principe de répétition agit dans le territoire du langage commun et des lieux communs. Il les modèle. Modèles répétés, consciemment ou inconsciemment par les individus qui s’y trouvent. Standards, stéréotypes. Lois symboliques et juridiques. La répétition socialisée donne le rituel, qui structure les sociétés depuis leur origine. Ce n’est pas la répétition en soi qui est problématique (on pourrait dire qu’elle agit comme une pulsion de vie ou pulsion du mimétique - le commun est le territoire par définition du mimétique). »
Séquence 8
Texte : « Ce qui est problématique, ce sont les modes d’actions de la répétition et ce à quoi ils s’appliquent. C’est là que la répétition peut dégénérer en morbidité (pulsion de mort exclusive), sclérose et cycle en boucle jusqu’au meurtre pour le meurtre. Pathologie. C’est là que la répétition se fixe en un point, devient compulsive et se fige en un faux mouvement. Le commun est le lieu par excellence de la rencontre avec autrui. »