Nouvelle Laurentine / Hors les Murs manifestations de la Maison Laurentine

La Maison Laurentine participe aux rencontres RURALITIC d’Aurillac avec une intervention de Pierre Bongiovanni lue par Sylvie Dallet le 30 Août (16h30 - 17h30) dans le panel "Créativités et solidarités numériques dans le monde rural".

Le texte de l’intervention

La Maison Laurentine est un centre d’art, d’initiative privée (sous forme associative), nouvellement installé (la première manifestation, toujours en cours, intitulée “ d’abord les forêts” a ouvert ses portes le 4 juillet 2010) dans le Sud-Haut Marnais, à 2h30 de Paris et situé au coeur du futur Parc National des Forêts de feuillus de plaine (ouverture en 2012).

Nos activités concernent évidemment l’accueil d’artistes en résidence de création (dans toutes les champs de la création, des arts les plus classiques aux arts électroniques et multimédia), mais également l’organisation d’expositions, de projections et de spectacles.

Notre projet s’inscrit dans une dynamique de développement territorial et intègre bien entendu les potentialités des outils et media électroniques, des réseaux sociaux et des technologies de géo-localisation.

Sur le net nous avons choisi de travailler avec des outils “open source”, c’est-à-dire des logiciels libres, n’obéissant pas à des logiques propriétaires, mais au contraire permettant à tout prescripteur éventuel de les re-utiliser, de les améliorer et de les partager à son tour.

C’est le cas du site web de la Maison Laurentine qui fait l’objet d’un développement continu, dans des perspectives multimédia, et dont la structure sera bientôt téléchargeable gratuitement.

Pour ce qui concerne le thème particulier de cette conférence, voici deux exemples d’action que nous allons développer lors de la saison prochaine :

1.
Une cartographie familiale et universelle

Chaque famille de nos villages a des attaches et des échanges avec des proches, parfois réelles, car physiquement proches (habitants le même village ou la même région) mais parfois aussi résidant ailleurs, sous d’autres latitudes et sur tous les continents.

Nous allons créer, sur notre site, une plate-forme de visualisation et de correspondance entre les membres de ces communautés dispersées par les hasards de la vie et re-situées par les potentialités des réseaux de communication électronique.

Pour un village de la taille d’Aubepierre-sur-Aube (200 habitants) cela ouvre des liens entre ceux vivant au village et ceux résidant au Mali, au Danemark, en Grande-Bretagne, en Irlande, aux Comores, en Pologne, en Italie, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Amérique latine, aux USA, etc.

Des comptes personnels permettront a chacun d’informer et d’actualiser la plate-forme, tout en permettant a tous de visualiser la richesse et la diversité de nos expériences et de nos relations avec le monde.

2.
Des oeuvres de l’esprit a découvrir en expérimentant les natures et les paysages

Nous allons disséminer dans les territoires proches des villages participant au projet, des oeuvres d’art, dans les villages mais également près des rivières, dans les combes, au coeur des forets.

La découverte de ces oeuvres fera appel a ce qui nous devient chaque jour plus étranger : le temps de prendre du temps, la disponibilité pour l’inouï, le désir de se perdre, de trouver son chemin, de s’inscrire dans le chemin, de se confondre avec lui.

Pour cela nous allons utiliser les ressources désormais accessibles de la géo-localisation et des cartographies virtuelles. Ce “voyage” ayant aussi peut-être aussi pour effet de nous redonner une partie “de la splendeur qui nous appartient” au moment ou, dans la déconcertante intimité que nous offre encore parfois la nature, nous découvrons l’oeuvre d’un artiste, c’est-a-dire la vision de celui qui ne renonce pas encore au désir de dire et de partager.

En résumé et conclusion nous avons le souhait d’articuler notre pratique autour de quelques principes :

1
Les habitants ne sont ni des publics, ni des audiences, ni des cibles, se sont des partenaires, avec lesquels des impératifs communs sont a définir.

2
Les artistes ne sont pas des bouffons destinés a élargir la sphère du divertissement.

3
Les technologies offrent des potentialités a la condition de les assujettir a des logiques de conversation, de partage et de controverse.

4
L’exigence de solidarité n’est pas réservée aux périodes de tourments, de crise, de dénuement ; il faudrait que nous sachions l’éprouver aux matins les moins spectaculaires de nos existences.

5
L’art n’est la que pour nous inviter aux noces des mystères de l’être avec les extrêmes et fécondes fragilités de la beauté.